Présentation
Pitch
A l’aube, dans un appartement persan, Anouar le philosophe laisse partir sa jeune maitresse. Nous sommes dans un futur proche. La planète est en guerre, et beaucoup cherchent à fuir. Mais pas Anouar, qui veut sauver la civilisation,, en numérisant les merveilles de sa cité bien-aimée.
Autour de son appartement qui est comme un ilot de paix, les alarmes se font entendre, les cris résonnent, les bombes tombent.
Tous pensent que le vieil homme va quitter la ville… Mais en ces temps de guerre, Anouar est partagé entre le danger immédiat qu’il court en restant dans sa ville natale, son attachement à sa famille qui risque de partir sans lui... et le sentiment aigu qu’il a de son devoir de lettré.
Nous l’accompagnerons toute sa dernière journée, partagée entre les différents destins qui s’offrent à lui.
Note d'Intention
Il
y a douze ans, j'ai pu voir Damas.
Depuis, je n'ai eu de cesse de
travailler sur les rêveries que ses vieilles pierres m'ont
inspirées.
De
cette envie de revoir et de dépeindre l'Orient que j'ai aimé, de
cette passion pour la civilisation arabo-musulmane et de cette
émotion si forte ainsi que des souvenirs que j'en ai gardé, est
d'abord né, lentement, une sorte de roman-fleuve de science-fiction,
intitulé le Cycle d'al-Arfa, prenant majoritairement place
dans la vaste cité futuriste de Ghasr el-Dehebi – casbah fortifiée
abritant le Palais de l'Emir Muhmad XII.
Ce
roman est fait de jardins et de musiques, ruisselant de cet art de
vivre qui m'avait tant plu en Syrie, et que j'ai pu retrouver par la
suite lors d'autres voyages à Alep, Palmyre, Séville, Grenade et
Cordoue, Malte, Tanger, Casablanca ou
encore Istanbul… Autour de lui sont venus quantité de croquis,
cartes, costumes, plans de vaisseaux en bois et cuivre. Ce sont
essentiellement des travaux graphiques, tentant de traduire la force
des jeux de lumière et de matière que j'affectionne. Ils sont
aujourd'hui à la base de l'iconographie pour le projet de la
Veille, dont j'imagine parfaitement les couleurs et les matières,
les teintes, les ambiances et le souffle.
Après
l'architecture, ma vie prit le tournant de la réalisation
audiovisuelle. J'y ai fait mes armes, sur plusieurs projets ambitieux
qui furent autant d'occasions de se dépasser – pour moi, autant
que pour l'équipe enthousiaste et talentueuse qui m'entoure encore
aujourd'hui. C'est désormais une passion personnelle qui s'est
emparée de moi, au cours de mes études à Louis Lumière, au
carrefour de tous ces arts qui me sont chers : musique,
écriture, théâtre, architecture, peinture et dessin...Armé
de ce nouveau moyen d'expression, j'ai envie de m'atteler à la
représentation de ces cités orientales. Et pour les explorer, j'ai
décidé d'employer le regard d'Anouar, ce vieux lettré que nous
accompagnerons.
Notre
personnage principal trouve d'abord naissance dans la figure arabe
classique du philosophe athée, qui occupe notamment les pages des
romans d'Amin Maalouf. Nous le trouvons ici en bien mauvaise
situation... Ce qui me plait en lui et qui m'a donné envie de conter
son histoire, c'est sa posture à la fois culturellement marquée et
totalement universelle. Anouar incarne pour moi le questionnement
obsédant de notre responsabilité commune en cas de désastre, et de
ce que nous serions prêts à sacrifier pour nos idéaux ; nos
nuits, notre famille... notre vie ? A quel instant est-il
égoïste de ne penser qu'à soi ou aux siens, où placer les limites
de nos devoirs vis-à-vis de notre monde ?
Ces
thèmes de la responsabilité et de l'héroïsme, du devoir et de la
grandeur d'âme, de la place que nous laissons à nos passions
personnelles face à ces choix rationnels que nous devrions être
capables de faire, sont mes thèmes personnels de réflexion et
d'écriture depuis plusieurs années. Ici, j'essaie de les mener au
paroxysme de leurs implications.
Ce
court-métrage nous montrera les liens intimes tissés entre Anouar
et sa grande ville qui se meurt - car il y a une véritable osmose
entre notre personnage et sa cité ; les palais de vieilles
pierres, plusieurs fois centenaires, il les connait par cœur, il en
a dessiné les moindres recoins. Cette ville est à son image, il ne
peut la quitter. L'homme, quoique vieillissant, est habité par une
sorte de force que l'on peut à loisir interprêter comme le plus
grand des courages ou la plus humaine des lâchetés.
En
acceptant la mort, en se dévouant à la cause de la culture, il se
révèle également cynique voire cruel avec « ses femmes »,
dont il assume par ses choix qu'elles ne pèsent rien devant les
livres qu'il veut sauver. Toutefois, et malgré la force de sa
volonté, il n'est pas hermétique à une certaine amertume coupable.
Et de fait, si nous avions comme lui la perception et la conscience
aigüe de ce que valent de tels ouvrages lorsque tout va être
détruit, qui sait ce que nous choisirions... Partirions-nous,
abandonnerions-nous tout ce qui nous a construit, décennie après
décennie ?
J'ai
aussi voulu raconter en creux, à travers les rancunes et les
non-dits, l'histoire de sa famille, alourdie par les obsessions d'un
père trop idéaliste pour ne pas devenir rigide. C'est pourquoi la
Veille ne s'attache pas qu'aux pas du vieil homme ; c'est
aussi un passage de relais générationnel, qui clôt finalement le
livre d'Anouar pour ouvrir celui de Gita, jeune fille qui va
contribuer à la renaissance de son peuple sur un autre monde.
Née
en temps de guerre, Gita a du subir en sus cette famille désunie,
saisissant confusément, sans en comprendre encore la source, la
rancoeur de sa mère à l'égard de son grand-père. Pour elle,
Anouar est une figure mythologique, un génie dans sa caverne aux
merveilles. Elle emportera avec elle cette image un brin surannée.
La dernière séquence se fermera sur la promesse d'espoir qu'elle
incarne – lancée à vive allure vers les étoiles avec des trésors
de savoir – car ce film se veut optimiste, résolu et combatif.
Si ce projet trouve des racines profondes en mon être intérieur, vibrant avec les doutes et l'amertume d'Anouar, et s'il est l'expression d'une passion sincère pour le monde arabe, je crois qu'il veut répondre également, humblement, à l'imminence du danger qui caractérise cette partie du monde que nous nommons Moyen-Orient.
Achevé et diffusé.
Dates et lieux de tournage
Tournage à la Boissière et Saint-Jean de Fos, dans l'Hérault ( 30min environ de Montpellier ) à la fin août 2017.
Stade actuel d'avancement
Achevé et diffusé.
Remerciements
Toute mon équipe bien évidemment, à commencer par Justine Rouet Chabaux, le chef-opérateur Maxence Magniez, l'ingénieur du son Jonas Orantin, le responsable des effets visuels Benjamin Blatière, le compositeur Alexandre Treille, le premier rôle Sadreddin Zahed, la scripte Nelly Dugelay, mes deux assistantes Victoria Machado et Lucie Guillemet... et tous les autres !