Arts & Culture - Série - Documentaire

Women's Art

Image de Women's Art

Présentation

Pitch

Le graffiti, les murales et le street art prolifèrent partout dans nos rues, égayant nos parcours à chacun de nos pas. De Paris, Montréal, New York, Barcelone, jusqu’au petit village de campagne, les artistes ont envahi l’espace public de leur imaginaire, pour le plus grand plaisir des habitants. Ce qu’on ne voit pas, ou plus rarement, c’est que de plus en plus de femmes investissent également les rues de leurs œuvres. À travers ma série de documentaires de portraits croisés, je veux aller à la rencontre de ses femmes artistes, les mettre en lumière et leur donner la parole.

Trois artistes par épisode de 52 minutes se répondent (une douzaine d'épisodes prévue), s’interpellent et se questionnent tout en expliquant leur art, leur motivation, leur vision du monde et de nos sociétés. Leur art comme miroir de ce qu’elles ont dans leurs têtes et dans leurs cœurs.

Postes recherchés

Producteurs/Productrices

Directrice/Directeur de photographie

Équipe de technicien.nes du son

Matériel et accessoires recherchés

Caméras / Matériel sonore

Dates et lieux de tournage


Tournage en Europe - Amérique du Nord et du Sud

Stade actuel d'avancement

En recherche de production

Synopsis

Synopsis d’un premier épisode :

Une ruelle de Montréal dont on entend s’échapper un fond de musique hip-hop, par-dessus des rires et des conversations animées. Des graffeurs et leurs ami.e.s aux styles dénotatifs et particuliers se sont regroupés pour peindre dans une ambiance animée. Une sorte de petite fête de quartier. En background, une jeune femme aux longs cheveux bruns aux reflets auburn peint à la canette aérosol, concentrée dans sa tâche. Les bruits de fond et l’atmosphère festive ne la perturbent pas. Elle est absorbée par son mur. Elle s’écarte de temps en temps pour prendre du recul et pour jeter un œil sur son modèle, depuis son smartphone. Elle s’appelle Cassandra, mais dans le milieu, elle est connue sous le « blaze » de Snikr. Elle signe souvent ses fresques « Style over status ». Ses traits de bombes aérosol sont propres, nets, précis. Elles créent des personnages qu’on pourrait s’imaginer s’animer dans des cartoons de Warner Bros ou des studios Disney. Son style est reconnaissable parmi tant d’autres. On la retrouve un matin, autour d’un café chez elle à Montréal parmi ses chats. Elle vient de la banlieue de Toronto et raconte son parcours. Comment elle a découvert le graffiti et a commencé à peindre au milieu de tous ses gars.

Dans un studio industriel du quartier Hochelaga à Montréal, on retrouve Carole travaillant derrière son ordinateur. Carole est femme d’affaires et mère de deux enfants, qui ne sont d’ailleurs plus des enfants, puisque les deux jeunes gens graffent dorénavant côte à côte avec leurs parents. Carole, c’est Klor du crew 123Klan, qu’elle a créé avec son mari Scien et leur « crew » n’est autre que leur petite famille. Le duo de français Scien et Klor s’est formé en 1992 et ils arpentent la planète ensemble depuis. En 2007, ils se sont installés à Montréal, une ville dynamique culturellement afin d’y établir leur studio/atelier et d’y élever leur progéniture déjà initiée à suivre leurs traces et à prendre la relève. Carole se bat contre un cancer, mais cela ne l’empêche pas de peindre et de créer entre ses séances de chimio. Le graffiti, c’est sa vie. Klor ne se considère pas comme une féministe, elle n’a pas vraiment de revendication à part celle d’avoir la liberté de créer et de bien vivre de son art. Le graphisme d’123Klan, inspiré de la culture pop, des cartoons et des comics est devenu une institution dans le milieu du graff. On voit leurs t-shirts, leurs hoodies ou leurs casquettes, portés dans le monde entier par les artistes et les fans de street art.

D’ailleurs le street art est un terme générique plutôt employé par le public ou les amateurs, que par les artistes qui s’identifierait à un mouvement commun. Chacun y va de ses propres définitions entre le graffiti et le street art, parfois même en antonymie l’un par rapport à l’autre. Est-ce que tous les artistes surréalistes s’entendaient sur une définition commune de leur mouvement ?

Ce qui est sûr, c’est que le monde du graffiti est une communauté, avec ses règles, ses codes d’honneur, ses principes, ses membres honorables, ses légendes, ses « Kings » et ses pionniers. Ses dissidents et ses outsiders, également.

Musa71 ferait partie d’une de ses pionnières du graffiti. Originaire de Barcelone, elle décline son pseudonyme Musa partout dans le monde depuis 1989. Elle fait partie de quatre crews, avec chacun leurs représentations et leur idées particulières du graffiti. Quatre visions différentes et quatre manières singulières pour comprendre le graff et l’art en général. Avec des acronymes parfois mystérieux comme TFP ou plus provocateur comme TDS (The Death Squad, soit l’escadron de la mort), Musa est souvent la seule femme de ses différents « gangs » de « writers ». Ces « pieces » (anglicisme pour parler d’une œuvre lettrée et colorée de graff) séduisent par leurs couleurs et leurs dégradés ainsi que par des effets de texture et des motifs impressionnants par leur maitrise, qui la classent parmi les graffeurs les plus respectés et les plus appréciés pour leur style classique et original à la fois. Le graff a son langage vernaculaire qu’il est parfois compliqué à comprendre, à traduire ou même à expliquer. Un moyen de se démarquer et de s’identifier, peut-être. Les revendications féministes ne sont pas non plus trop la tasse de thé de Maria, son véritable prénom. Peut-être parce qu’elle a réussi à faire oublier à ses paires qu’elle était une femme et a su s’imposer auprès d’eux, juste pour son style ?

Ces trois artistes se connaissent, se respectent et s’admirent mutuellement, mais je ne sais pas si elles se considèrent comme des amies. Klor et Musa sont plus âgées que Snikr, elles ont dans la quarantaine tandis que Cassandra (Snikr) a tout juste la trentaine. Le graff est un microcosme soudé, mais aussi très compétitif. Il faut savoir prouver qu’on sait manier la bombe aérosol et le lettrage pour se faire accepter et respecter. Mis à part leur passion inconditionnelle pour le graff, un autre élément les relie les unes aux autres, leurs amitiés et leurs admirations pour Scan, un « king » du graffiti, décédé en septembre 2017 à Montréal, des suites d’un lourd cancer.

Un autre dénominateur commun qui les rassemble, elles sont souvent les seules filles - les seules femmes à peindre parmi une bande de « mecs » et elles ont su gagner leurs respects

Note d'intention

Dans le milieu des années 80, le mouvement des Guerrillas Girls s'indignait du manque de représentation et de l'exclusion des femmes et des minorités ethniques dans les musées. C'est par l'affichage dans les rues de New York qu'elles se sont exprimées et qu'elles s'expriment encore. Cris de révolte anonymes et universels contre l'Établissement, le patriarcat et/ou la suprématie blanche. Faute d'être exposées dans un musée, c'est dans la rue, dans l'espace public, qu'elles ont manifesté et qu'elles "performent" leur art. Pionnières du street art féministe, vêtues de noir, elles arborent des masques de gorilles et font des « happenings », des performances où elles revisitent l’histoire de l’art sous la focale du féminisme. Les chiffres qu’elles mettent en avant au fil des années sont effarants, en moyenne moins de 5% des artistes exposées dans les musées sont des femmes et leur constat est que ce n’est guère davantage dans les galeries d’art. Les femmes artistes ne sont donc pas mises à l’honneur dans les espaces institutionnalisés de l’art. Est-ce ce constat qui les pousse à investir la rue ? En tout cas, à l’instar des Guerillas girls, je partage le constat que l’art n’est pas assez féminin, si ce n’est féministe et qu’il est grand temps que les femmes artistes soient mises sur les devants de la scène, peu importe l’espace et le médium qu’elles choisissent. Qu’elles se mettent à nu, si cela leur chante ! Ou qu’elles se livrent sous le couvert de l’anonymat, tant qu’elles dévoilent les coulisses de leur art et de leur inspiration.

De nos jours, grâce aux progrès féministes et à une certaine libération des mœurs, ce monolithisme artistique masculin tend à s'amoindrir et on voit dans les milieux artistiques de plus en plus de femmes, pinceaux ou cannettes en main, envahir le paysage urbain de leur créativité, exhiber leurs œuvres dans des expositions dans des galeries branchées ou des musées et gagner davantage en reconnaissance et en notoriété.

Je veux réaliser une série documentaire sur les femmes dans le graffiti et street art, faire découvrir au public les portraits croisés de différentes artistes qui racontent leurs parcours, leurs difficultés ou non à se faire connaître et reconnaître en tant qu'artiste dans un milieu où les codes sont masculins, voire sexistes, selon certains et certaines, cette question sera d’ailleurs débattue tout au long de la série à travers les différents points de vue des artistes. Comment se perçoivent-elles en tant qu'artistes, en tant que street artiste ? En tant que femme ? Certaines adoptent une attitude et un message féministe, tandis que d'autres ne considèrent pas primordial d'axer leurs œuvres sur un schème genré et préféreraient qu'on oublie leur appartenance à un sexe et son genre ou l'autre. Les questionner, les écouter et les observer - entendre leur discours - voilà ce que je veux réaliser.

Extrait de la continuité dialoguée

Matériel de tournage disponible

Canon 5D / Mark III

Liens utiles et informations complémentaires

Smoluk, sculptrice de cartons

Festival Under Pressure 2019 au féminin

Remerciements

Le projet ne serait pas possible sans le talent des artistes féminines, l'exaltation et l'inspiration qu'elles m'inspirent.