Présentation
Note d'intention
Est-ce qu'on va passer l'hiver, c'est les cris du corps qui laissent transparaître ce qui n'est pas communiqué. Le couple est au crépuscule de sa déchéance, l'ébullition est proche mais ne prend pas. Au fond, c'est le confort qui les maintient sobres et silencieux. Confort apporté par un cocon, un intérieur qui les rassure, qui les enferme doublement.
Ils ont besoin de parler, espèrent voir des changements émotionnels, mais le mutisme dure depuis longtemps maintenant.
Le film commence en arborant des couleurs chaudes, mettant en valeur ce cocon, puis cette chaleur, tableau par tableau, pièce par pièce, s’estompe pour arriver sur ce bleu saturé.
L’hiver n’est pas seulement la saison à proprement dit, mais le passage nuageux qui obscurcit leur relation.
Le rythme est lent, comme leur mode de vie, à l’image des accords de guitare, comme une ballade mélancolique. J’avais aussi ce besoin de m’exprimer dans une quasi fixité des plans, pour laisser se dévoiler les écritures par le mouvement du corps et non de la caméra, ne laissant rien à l’artificiel.
On remarque que dans toutes les pièces, même si à l’intérieur ils semblent distants, ils sont ensembles, continuant à vivre en synergie. À l’exception d’une. Dans la salle de bain, l’homme se retrouve seul. Pourquoi c’est quand l’autre n’est plus là qu’on dit enfin ce qu’on pense ? C’est ce qui arrive à l’homme, il ressasse. Or se contenir si longtemps ne mène qu'à des pensées néfastes et il ne peut s'empêcher de s’imaginer une déchéance désormais.
J’avais besoin d’évoquer ce sujet, car je viens d’une famille où les problèmes de communication ont créé ce mode de vie, où l’on se contente déjà de ne pas être seul. Ce manque de communication me paraît donc presque héréditaire, et il a cette tendance à pouvoir réduire à néant quelque chose qui a tout pour fonctionner. C’est à travers ce prisme que j’ai pensé cette ode, comme projetant mes peurs dans ces personnages sans passé connu.