Drame - Comédie - Fiction

En panne avec Papa

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Présentation

Pitch

Début des années 90.
La vieille voiture d’une famille portugaise tombe en panne au milieu des Pyrénées. Alors que sa maman part chercher de l’aide, Luis, 12 ans, reste seul dans la voiture avec José, son papa tétraplégique. Très vite, on assiste à une vraie lutte pour le pouvoir entre le père et le fils. D’un côté José, qui est bien déterminé à faire redémarrer le moteur malgré son handicap, de l’autre Luis qui trouve enfin l’occasion de montrer qu’il est le plus costaud.

Postes recherchés

Producteur.trice, comédiens.nes, chef.fe opérateur.trice, ingénieur.e du son, chef.fe décorateur.trice, maquilleur.euse, régisseurs.euses, scripte, monteur.euse

Matériel et accessoires recherchés

Dates et lieux de tournage

Stade actuel d'avancement

En cours de réécriture, en recherche de producteur.trice et de financement

Synopsis

On revient de vacances et notre bagnole tombe en panne en Espagne. Maman et ma petite sœur partent chercher de l'aide et moi je reste seul avec mon papa qu’est trop handicapé. Évidemment, têtu comme il est, papa veut redémarrer la bagnole alors qu'il peut carrément pas. Mais cette fois je vais pas le laisser croire qu'il est le plus fort. Je vais lui montrer que moi je suis plus costaud et que je peux nous sortir de là !

Note d'intention

Avant ce projet de court-métrage, il y en a un autre, « Rosinha », centré sur un couple comparable à Maria et José, à ceci près que je le traitais sur un mode mélodramatique et que la temporalité du récit, s’étalant sur une trentaine d’années, ne se prêtait pas au format court.

Il était cependant urgent pour moi de parler du rapport au handicap lourd au sein de la cellule familiale ; et c’est un ami producteur et réalisateur qui m’a suggéré d’essayer de raconter la journée d’un garçon d’une dizaine d’années avec son père tétraplégique.

C’est donc en adoptant ce point de vue de l’enfant qu’une anecdote m’est revenue et que je me suis attelé à la tâche en essayant de retranscrire le plus honnêtement possible ce que mon père et moi avions vécu, au milieu des années 90, au retour d’un voyage en Espagne.

Pour éviter tout sentimentalisme facile, je me devais de fictionnaliser ce souvenir au maximum en inscrivant le récit dans une tonalité de comédie dramatique et en choisissant par exemple de faire de Luis un personnage plus jeune, volontaire et opiniâtre que je ne l’étais ; cela coïncide surtout avec une envie pressante d’imaginer, comme le font nombre de récits actuels, comment, à partir d’un point précis d’une histoire et en faisant des choix très différents, les choses auraient pu évoluer autrement. Pas à l’échelle d’une société tout entière, mais à celle de la cellule familiale. Comme une sorte d’uchronie individuelle.

C’est de cette manière que j’aime aborder des histoires réalistes, où la vérité et la fiction se mêlent pour essayer d’en extraire l’essence. Ici, je m’attache principalement à décrire ce moment où le fils prend conscience qu’il dépasse son père un peu trop tôt. Car en réalité, dès lors qu’ils sont seuls tous les deux, José et Luis sont sur un même pied d’égalité : impuissants et dépourvus d’autonomie. Le père du fait de son handicap, le fils à cause de son jeune âge.

C’est au moment où Luis se décide d’agir qu’éclate le rapport traditionnel père / fils et que, plutôt que de rester dans une éternelle et vaine compétition pour obtenir la reconnaissance, le garçon fait le choix de l’écoute et du partage. La solidarité retrouvée en somme.

Pour raconter cette histoire, outre les difficultés de mise en scène qu’elle pose, je veux absolument éviter le style « caméra portée » trop souvent liée à ce genre de sujet. Si la caméra est actrice, c’est seulement pour poser un point de vue humble mais frontal, toutefois non dénué d’élégance et de fluidité pour accompagner ces corps et ces visages, qu’ils soient prisonniers d’eux-mêmes ou de leur vieille bagnole étriquée.

Extrait de la continuité dialoguée

INT.EXT.MATIN / Citroën Visa sur UNE bande d'arrêt d'urgence

Les rayons du soleil matinal traversent la Visa. Luis écoute une chanson d'Eurodance en faisant des vagues avec ses mains.

José, la tête penchée en arrière, les yeux fermés et la main droite posée sur le front, psalmodie des mots à peine audibles dans un dialecte mêlant français, portugais et numérologie.

Luis l'observe un instant, agacé.

José sort de sa transe pour se pencher et tendre sa main mobile vers la clé de contact. Il parvient à trouver la clé qu'il s'efforce de tourner. Mais il n'y arrive pas.

LUIS
Papa... hé tu fais quoi là ?

La voix de José est rauque, sa diction hachée.

JOSÉ
Ça y est j'ai... réparé la voiture.

LUIS
Non non t'as rien réparé du tout.

JOSÉ
Si si.

LUIS
Pfff n'importe quoi. Non !

JOSÉ
J'ai changé... le moteur là.
Maintenant... ça marche.

LUIS
Mais tu dis n'importe quoi papa. T'as pas des pouvoirs magiques ! Lâche la clé, tu y arriveras pas de toutes façons.

Luis souffle et se lève pour se faufiler entre les sièges de devant. Il pousse sèchement son père et s'installe à la place du conducteur.

LUIS
Arrête, touche pas la clé. Bachi-bouzouk ! Ça sert à rien.

JOSÉ
Tourne... tourne la clé, à fond.

LUIS
Non. C'est... c'est nul comme idée.

José secoue la tête. Son côté droit se met à trembler de colère.

JOSÉ
Peuh ! Toi tu sais pas toi. Tu sais rien, petit mec ! Moi je sais, donc... !!

LUIS
Si tu parles mal, je dirai tout à maman.

JOSÉ
Peuh ! Je m'en fous...

LUIS
Ça on le sait. Tu t'en fous de tout, de toutes façons.

José détourne les yeux vers les montagnes en respirant fort, ténébreux.

Luis hausse les épaules et se met à détailler le tableau de bord devant lui. Les voyants, les cadrans, les boutons.

LUIS
On est en panne papa. Mais maman va revenir bientôt, avec de l'aide.

Son regard tombe sur le frein à main entre les deux sièges.

FLASH-BACK / INSERT

Luis revoit la main de Maria manipuler le frein à main, appuyant sur le bouton au bout du manche pour l'abaisser.

RETOUR AU PRESENT

Luis avance son siège à fond, règle les rétroviseurs. Puis il saisit le frein. Il essaie d'appuyer sur le bouton et doit s'y prendre à deux mains. Il parvient à baisser le frein à main.

JOSÉ
Qu'est-ce que... tu fais ?

LUIS
Attends.

Luis met la ceinture de sécurité et s'accroche au volant pour guetter un mouvement de la voiture.

Il y a bien une pente qui commence une centaine de mètre après le viaduc. Mais entre les deux la Visa est garée sur un faux plat.

Luis soupire. Il remue d'avant en arrière, comme si son poids plume pouvait faire la différence.

JOSÉ
Il faut pomper... pompe, pompe.

Luis lève les yeux au ciel.

LUIS
Oh pump up the jam, pump it up !

JOSÉ
Écoute... écoute-moi !

Luis grimpe sur le siège pour regarder le viaduc derrière : un poids lourd approche à grande vitesse. Le garçon réfléchit.

JOSÉ
Assis Luis... reste assis.

Luis se rassied, pose la main sur la jambe paralysée de José.

LUIS
Papa.

José le considère, grave.

LUIS
Tu veux qu'on aide maman ? Alors il faut que je sorte dehors. Pour pousser.

JOSÉ
Non... il faut pas.

LUIS
Ici la bagnole peut pas bouger mais regarde, la route elle descend. Je suis sûr qu'on peut la faire rouler et qu'après elle va redémarrer.

José secoue la tête.

Le poids lourd fait vaciller la Visa en passant à toute vitesse.

JOSÉ
Non non... trop dangereux.

LUIS
Je vais y arriver papa.

Luis vérifie derrière : un autre poids lourd se rapproche, moins rapide que le précédent. Le garçon déverrouille la portière qu’il ouvre en grand et se précipite sur la route.

JOSÉ
Non referme... Luis !!

Matériel de tournage disponible

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